Romans et chansons d'espoir et de fureur
Philippe Séranne & Johanna Gleise
duo itinérant à vélo et à pied, par monts et par mots
Nouvelle tournée à pied ! – été 2024
Samedi 27 juillet: refuge de l’Estrop (04) – 20h30 – infos et réservations Lisa/Noémie/Lise 0632060565
Lundi 29 juillet: refuge de Furfande (05) – 20h30 – infos et réservations Hugo 0614827381
Mardi 30 juillet: gîte de la fruitière du Queyras, Villargaudin (05) – 18h – infos et réservations Florence 0668491683
Mercredi 31 juillet: gîte du grand Rochebrune, Souliers (05) – 17h30 – infos et réservations Alix et Victor 0492218677
Vendredi 2 août: camp de la Monta, Ristolas (05) – 20h45 – infos et réservations Didier 0676849516
Samedi 3 août: refuge du Viso (05) – 20h30 – infos et réservations Anselme/Baptiste 0492468181
Et cette petite vidéo pour remercier tous nos accueillants de la tournée de printemps 2024!
On nous a écrit…
Les étoiles sont derrière les murs
Une expérience littéraire, musicale et graphique de poésie radicale
pour faire vibrer nos révoltes, nos passions, nos rêves et nos libertés !
« La rencontre du verbe, de la mélodie et du chaos dans un écrin de verdure, de roche et d’eau »
Un spectacle à recevoir chez vous !
Nos textes et chansons sont mélangés harmonieusement et furieusement pour concocter un cocktail poétique d’environ 1h, qui se savoure hors des chemins balisés: chez vous, sur votre lieu de travail, sur la place de votre village, dans votre atelier, ferme, usine, fournil, magasin, jardin……..
Une expérience littéraire, musicale et graphique qui nous fait naviguer entre nos tempêtes et nos espoirs,
un assemblage artisanal et à échelle humaine de nos deux plumes autour de notre piano voyageur,
un moment convivial, d’émotion et de questionnement, à partager ensemble!
Vous souhaitez accueillir le spectacle ou nous recommander un lieu?
Consultez notre « appel à accueillants » pour avoir tous les détails et contactez-nous!
Je pars à vélo avec mon piano parce que j’aime le vent, le soleil, la pluie, la forêt, les champs, le ciel, j’aime les Alpes, ces montagnes de falaises aux crêtes inaccessibles en tourments de roche et d’aigles tournoyants, j’aime le sauvage, je suis sauvage, je suis une bête, une grosse bête qui roule avec son fardeau de fonte d’ébène de cordes prêtes à monter en ébulltion,
je pars à vélo avec mon piano parce que j’aime la lenteur, j’aime le temps dilaté, les ombres qui s’étirent et s’estompent, j’aime les routes délaissées, les toutes petites routes qui n’en finissent plus de tourner, les itinéraires que tout le monde évite, ceux que l’on me déconseille chaque fois d’une étape à l’autre « surtout passe par en bas par la nationale, par le col ça n’en finit plus », parfois un maillon manquant entre deux vallons m’oblige à la prendre la foutue nationale, tout le monde me double, je suis plus lent qu’un tracteur, aujourd’hui même les tracteurs tabasent, c’est un tonnerre de poids lourds en camping cars de motards à caravanes et autocars tous plus climatisés, plus confortables, plus rapides et plus coupés que jamais du ciel des arbres des arbres des oiseaux d’eux-mêmes et moi je me traîne la tignasse au vent tous mes sens anesthésiés par l’extrême concentration à rester en vie sur ce fleuve prêt à m’engloutir lorsqu’enfin apparaît le chemin vicinal qui m’extirpe et me libère, mais combien de décennies de naufrage climatique faudra-t-il pour que ceux qui font le choix de la solution cessent d’être écrasés par ceux qui font le choix du problème,
Je pars à vélo avec mon piano parce que j’aime l’effort, j’aime sentir ma peau burinée, mon sang oxygéné, mon coeur palpitant, mes jambes en chaleur d’amphétamines, mon esprit en ivresse de dopamine, mon état normal d’être vivant en mouvement, en peine et en sueur, chaque jour à pédaler est un jour d’euphorie, de célébration du corps retrouvé, ce corps mutilé par nos vies de junkies de l’écran, de la bagnole, du moindre effort et de l’hyperconnexion déconnectante, ce corps que le vélo, le chant et le piano recomposent, réunifient, réinvestissent des pieds à la langue, des poumons au cerveau, ce corps salé que je plonge dans la fraîcheur d’une rivière, ce corps affamé que je plonge dans une assiette savoureuse, ce corps éreinté que je plonge dans le plus profond des sommeils…
Philippe Séranne
D’un coup j’aurais voulu être loin. J’aurais voulu être là-haut dans une montagne comme au cœur d’une forteresse, toucher les premières neiges sur les sommets d’automne. Goûter l’ivresse à l’orée de la neige, sur une crête rocailleuse giflée par les vents, juste sous le plafond gris d’un ciel en lambeaux de nuages, sentir l’étreinte du froid, la morsure du vide, sentir la hauteur, la peur de tomber, m’accrocher aux rochers, devenir rocher moi-même, et m’encaillouter sur cette montagne pour l’éternité.
Je suis une courbe irrégulière au milieux de segments continus. Je veux sucrer la vie en plantant mes propres erreurs. Je ne veux pas le béton, le plat, la vie entre quatre murs. Je veux les sentiers sinueux, et plus encore la vie hors chemin. La vie sans balisages, autour des arbres nus, des animaux qui n’ont jamais croisé un regard humain. Je veux la beauté insaisissable du sauvage, je veux rester absolument insatiable et en même temps je veux ne rien vouloir, je veux être un vivant comme les autres, une plante grimpante, un insecte dans l’immensité, une pierre dans un cours d’eau, je veux montagner ma vie, je veux des pentes raides, des sommets, des crêtes et des ravins, je veux ramper dans le vent en léchant les cailloux, je veux juste être moi sans avoir besoin de fixer qui je suis. Être un mélange, un chaos, un récit. Être un frémissement dans ton cœur.
(Johanna Gleise, extrait de mon nouveau roman)
Entre deux routes, on choisit toujours celle de l’émerveillement
Voyageur lent par monts et par mots, Philippe Séranne est auteur, compositeur, pianiste et chanteur depuis la sauvage beauté de la gare de Veynes. Poète politique, provocateur et anti-conformiste, il emmène son piano dans les fermes, les trains, les usines, les assemblées citoyennes, les lacs, les vélos pour y slamer le pouvoir, l’argent, l’amour, la mort. Après plus de 500 concerts, de multiples projets collectifs (FestiFaï, le Veyn’art, le piano du lac) et une année de plongée dans le jazz à Paris, il se consacre désormais au solo, à l’écriture, au pianocyclisme, et aux multiples rencontres qui surgissent sur la route. route.
Johanna Gleise écrit des romans où l’intensité de la vie rejoint la révolte, et où le frisson de l’action est traversé de questionnements intimes, philosophiques et politiques. Elle a choisi de publier ses livres de façon indépendante, loin des grands réseaux de distribution, préférant plutôt les petits circuits de vente directe, où la rencontre et le contact avec les lecteurs sont essentiels. Ses romans nous embarquent dans une quête de liberté, d’absolu et de basculements, avec des personnages qui poussent leur vie à l’extrême.
Je suis une plume de la montagne, de l’encre qui coule lentement, qui bâtit les récits doucement. Lui était une plume en mouvement de roues de notes et de chansons. L’univers nous a fait nous rencontrer et nous lier comme il pousse le mystère à sculpter les crêtes et les sommets. Tout nous opposait et tout nous assemblait.
On avait trouvé un morceau de soi égaré en l’autre.
Un alter ego.
Il n’y avait pas de compétition entre lui et moi, pas de concurrence, pas d’adversité, pas de jalousie ; seulement le plaisir d’être et de créer ensemble. Nos destins s’étaient liés malgré nous entre eux et, déjà, ne nous appartenaient plus.
La vie semblait soudain pouvoir être une permanente addition où l’on pourrait toujours tout ajouter sans jamais rien enlever. Un lieu où rien ne se perd et où tout se transforme, où tout se fond en tout et voyage. Une osmose, un univers à part entière, une rencontre, un mystère. Un partage perpétuel. Un infini. Un être, un devenir. Une création.
Nous ne pouvions rien y faire : nos routes ne pouvaient plus faire autrement que de s’écrire côte à côte. On se suivrait, malgré les séparations. On se retrouverait. On se renouvellerait. On se transformerait. On se recréerait. On serait la comète dans nos ciels, le vent et la falaise, la vague et le rivage, l’arrêt et le mouvement, la braise et le ciment, la route le commencement, le cocon l’explosion et l’éternel présent. On serait et on deviendrait. Ensemble. On était entrés tout entiers dans le tout jamais. Un pacte tacite avait probablement été signé entre nous dans l’invisible.
(extrait détourné de mon prochain roman)