Le premier volet de ma nouvelle saga « Le monde sous le monde » est sorti le 22 septembre 2024!
Un roman à la fois imaginaire et humain qui déroule cinq vies liées les unes aux autres le temps d’un automne, dans les Alpes de Haute Provence, au milieu d’un monde en plein bouleversement. Un mélange de réel et de mystère, de monstres et d’humanité, d’aventure et de beauté, de frontières et d’ouvertures.
Plusieurs rencontres auront lieu autour de ce nouveau roman >> Toutes les dates sont ici <<
Il est désormais également possible d’organiser une rencontre chez vous! Ces nouveaux rendez-vous littéraires chez l’habitant sont simples: vous rassemblez au moins une dizaine de personnes à qui vous voudriez faire découvrir mes oeuvres (la jauge peut varier en fonction de la distance entre chez vous et chez moi) et je viens pour une rencontre littéraire conviviale chez vous avec présentation du livre, discussions, dédicaces et lectures musicales possibles. On fixe ensemble la date, l’heure, la gourmandise qui peut accompagner le moment, et autres idées ! Votre exemplaire du roman vous est offert pour vous remercier de contribuer à le propager 🙂 Si vous habitez loin de chez moi, je pourrais apprécier d’être hébergée une nuit avant de repartir !
Pour commander un livre ou organiser une rencontre, vous pouvez m’écrire à johanna.gleise@gmail.com ou me contacter au 06 10 46 68 81
Ce roman est imprimé à Digne les Bains par l’imprimerie Arc en Ciel. Nous utilisons du papier recyclé et je relie moi-même chaque exemplaire à la main (reliure japonaise avec fil de jute).
Les dessins qui se baladent tout au long du livre sont tous faits maison
Galerie de mes inspirations: l‘automne, Seyne, la forêt autour de chez moi, la montagne, mon bureau, les résidences automnales de co-création, Biscarrosse, le plateau de Valensole…
Un petit extrait pour la route…
Le thé noir qu’on me sert au bar est imbuvable. Je comprends pourquoi je ne buvais jamais de thé, de mon vivant. Le café n’était pas meilleur mais il supportait mieux la médiocrité. En fait rien n’était meilleur. Rien n’a vraiment de goût, dans ce monde. Voilà aussi pourquoi j’ai voulu le quitter.
Je bois mon thé infect avec mon croissant trop sec en observant les hommes autour de moi d’un regard encore plus amer que le thé noir, plus amer que le double café noir et même que le regard noir de l’ancien Icare. Je ne devrais plus être là. Pourquoi suis-je encore ici ? Qu’est-ce que j’ai encore raté ? Qu’est-ce qui m’a retenu, qu’est-ce qui me retient toujours ?
Je n’arrive pas à retrouver l’excitation que je ressentais hier soir en faisant mes affaires. S’engager pour une expédition dans le monde d’en bas c’était n’importe quoi, et pourtant c’était la première fois que les choses paraissaient simples. Que tout paraissait possible.
Possible…
« Ne désespérez jamais: faites infuser davantage » (Henri Michaux)
Je laisse couler le thé dans ma gorge et commence à me familiariser avec son amertume ; presque à l’apprécier.
Le brouhaha du comptoir est devenu lointain. Mon sac à dos est toujours là, à côté de moi, en attente lui aussi. Je ne sais pas quoi faire. En vérité je peux tout faire.
Je suis mort, je suis vivant, je suis tombé, je suis remonté, je suis parti, je suis revenu. Je suis là, je suis ailleurs. Je me dois la sincérité. Je ne suis rien, je suis tout. Je peux être tout.
La vérité c’est que j’étais heureux, hier. Je venais de renaître. La vie avait du sens.
J’arrête la serveuse qui passe à côté :
– Finalement sers-moi un blanc.
Le vin non plus n’est pas terrible. Il pique la langue et grince sous mes oreilles. Je le bois quand même. L’alcool au moins fait son effet. Je me sens plus détaché, détaché de moi. Mais l’ivresse n’a pas la saveur du plaisir. J’étais ivre, lorsque j’ai décidé de partir avec elle. Ivre de vie.
Le gars assis à la table d’à côté vient de partir. Il a fini de lire le journal et l’a reposé à plat avant de se lever. Mon regard est aussitôt attiré par la photo qui fait la une : un genre de spectre informe aux yeux creux, planté au milieu d’un passage piéton en pleine zone commerciale et qui a lui-même l’air de se demander ce qu’il fiche là. La photo manque de netteté car elle a été prise de nuit à bord d’un véhicule. On pourrait croire à un trucage, mais je sais que ce n’en est pas un.
Le titre est écrit au-dessus en gros caractères choc :
D’ÉTRANGES CRÉATURES
APERÇUES DANS LA RÉGION DEPUIS QUELQUES JOURS
Ma main me démange, j’ai envie d’attraper le journal et de lire l’article. Mais déjà de mon vivant je ne lisais jamais la presse, je ne vais pas commencer aujourd’hui. Ils font du sensationnel avec ce qu’ils peuvent, mais moi j’ai la vie suffisamment grise toute seule.
Tout est donc bien réel… Non pas que le journal local donne la vérité sur l’état du monde, mais cette fois les nouvelles confirment que ce qui m’arrive a lieu aussi en dehors de moi.
La Porte du monde d’en dessous a donc bel et bien été ouverte. Je ne suis pas certain d’y avoir vraiment cru jusqu’à maintenant… Mais cette fois c’est confirmé. Tout est réel, et le commun des gens, ceux qui vont à la zone commerciale ou au café le dimanche, ceux qui lisent la presse locale ou écoutent les infos, sont également au courant.
L’existence du monde d’en bas sera bientôt officielle. Ça n’empêche pas les autres blaireaux comme moi de se retrouver au bar le dimanche, sauf que ce matin, en plus du match de foot d’hier soir que d’ailleurs l’OM a encore perdu (à croire que Marseille possède décidément le troupeau de chèvres le plus cher du pays !!!) on commente aussi un peu l’arrivée de ces étranges créatures que certains d’ailleurs déclarent haut et fort avoir vues, de leurs yeux vues.
Le monde va peut-être juste continuer dans sa folie habituelle, avec simplement un degré de folie en plus dans sa ronde quotidienne.
ê t r e l ‘ o u v e r t u r e